Le marché de l'art peut souffler. L'Assemblée nationale a rejeté dans la nuit de jeudi à vendredi, après un long débat, l'inclusion des oeuvres d'art de plus de 50.000 euros dans le calcul de l'ISF, proposée par le rapporteur général du Budget, Christian Eckert (PS), mais refusée par le gouvernement.
L'argument suisse
Bien que sachant son amendement condamné, Christian Eckert, visiblement ému, a tenu à le défendre une dernière fois, en précisant qu'il ne reviendrait plus ensuite sur le sujet. «En Suisse, où, à ce que je sache, le marché de l'art n'est pas complètement tué, l'ensemble des oeuvres d'art sont assujetties à l'ISF», a-t-il argumenté. Aux termes de l'amendement, il aurait suffi d'exposer temporairement une oeuvre pour qu'elle ne soit pas imposée, a-t-il souligné, en ajoutant avoir reçu le soutien de la Maison des artistes.
Cahuzac en flagrant délit de contradiction ?
A l'inverse, le président de la commission des affaires culturelles de l'Assemblée, Patrick Bloche (PS), a estimé qu'une telle mesure aboutirait à «une disparition du marché de l'art en France», qui «représente 45.000 emplois». En outre, a-t-il insisté, de même que Pierre-Alain Muet, cela reviendrait à dissuader les collectionneurs de faire des legs aux musées, alors que celles-ci «constituent 90% de leurs acquisitions». Le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, a brièvement rappelé l'opposition du gouvernement à la proposition de Christian Eckert, précisant adopter la même position sur ce sujet que tous ses prédécesseurs.
Le député UMP Marc Le Fur, qui défend depuis des années l'assujettissement des oeuvres d'art à l'ISF, a alors rappelé à Jérôme Cahuzac ses propres paroles quand, président de la commission des Finances de l'Assemblée, il fustigeait en juin 2011 les propriétaires «d'un tableau de maître qui n'est contemplé que par les quatre parois d'un coffre fort». De même, l'écologiste Eva Sas, le communiste Nicolas Sansu et le socialiste Pascal Cherki ont soutenu l'amendement Eckert, combattu, entre autres, par le centriste Charles de Courson.
Pour sa part, le président de la Commission des finances, Gilles Carrez (UMP) a tenté en vain un compromis en proposant la constitution d'un groupe de travail sur l'imposition des oeuvres d'art.
source : LeParisien.fr avec l'AFP 25/10/2012